Les chemins et les routes

Les chemins à l'ouest du village : une origine gallo-romaine ?
Le chemin des Herbiers à la Gaubretière
Le chemin de la Mule ou de la Naulière
La route stratégique de Tiffauges à la Châtaigneraie


Les chemins à l'ouest du village : une origine gallo-romaine ?


Sur le cadastre de 1839, trois chemins apparaissent auprès des lieux-dits de la Vergnaie et du Boulas.
Ceux-ci ont été considérablement modifiés ces dernières années lors de l'aménagement de la zone industrielle et commerciale.

Cadastre Napoléonien, 1839, Archives départementales de la Vendée, cote 3P 109 CE 008

On y voit :
  • le chemin de la Lande-Ragonneau aux Peux qui formait, avec d'autres, le chemin allant des Landes-Génusson aux Herbiers. C'est l'ancienne "route de la Lande" qui arrivait à la Vergnaie.
  • le chemin de la Belletière à Guignard qui croisait la "route de la Lande" à un carrefour où trône toujours aujourd'hui un grand chêne. La partie de ce chemin reliant ce carrefour à la Belletière et à l'ancien hameau de la Blette a disparu progressivement au cours du XXème siècle. Mais une autre partie de ce chemin existe toujours : celle qui mène du grand chêne au rond-point de la rue Floriane, dans la zone industrielle. Guignard était un lieu-dit non habité qui se situait vers l'actuel rond-point de la route de Beaurepaire (auprès de l'entreprise Ouvrard-Concept-alu).
  • le chemin de Guignard aux Peux qui reliait la route de Beaurepaire à l'actuelle avenue des Peux en passant par le Boulas.

Carte IGN, 1988
Voir les couleurs de la légende dans l'article

Le chemin de la Lande-Ragonneau aux Peux pourrait avoir une origine antique car il passait auprès de vestiges archéologiques découverts notamment lors de la construction de l'autoroute et de la zone industrielle du Vendéopôle et datés de l'époque gallo-romaine :

Vue aérienne actuelle de l'ouest du village : voir les couleurs de la légende dans l'article
  • trou de poteau et 2 fossés, second Âge du Fer [entre -500 et -50 (époque gauloise), tracé de l'autoroute]
Trous de poteau fouillés à moitié (photo d'illustration)
    • habitat, grenier, incinération et sépulture, second Âge du Fer (Tène finale) ou Haut-Empire (Augustéen) [entre -100 et 50 (époque gauloise ou gallo-romaine), sur la commune des Herbiers, près de Bertré, proche de l'actuel nœud autoroutier]
    Reconstitution d'une maison gauloise (Parc Samara, Somme)
    Reconstitution d'un grenier gaulois
    • fragment de tegula (tuile romaine) et base d'une construction de plan carré (temple ?) gauloise ou gallo-romaine précoce [entre -100 et 50, champs près de la Godardière (Beaurepaire). Source : André ROUILLON, Association l'Héritage]
    Reconstitution d'un fanum, temple gallo-romain
    (Oisseau-le-Petit, Sarthe)
    • ferme et fossé, Haut-Empire [entre -50 et 300 (époque gallo-romaine), nord de la zone industrielle, entre la métallerie Philippe Soulard et Les armatures du Bocage. Un diagnostic réalisé en 2003 a dégagé un enclos fossoyé du Haut-Empire très arasé et presque stérile.]
    Ferme gauloise ou gallo-romaine

    Vue aérienne actuelle de l'ouest du village : voir les couleurs de la légende dans l'article

    Le chemin de la Lande-Ragonneau aux Peux rejoignait, par le chemin de la Belletière à Guignard, le village du Plessis, toponyme désignant parfois le lieu d'habitation de riches Gaulois.

    C'est ici que passait probablement l'une des voies romaines allant de Nantes à Poitiers.
    Elle venait de Montaigu, Saint-Georges-de-Montaigu, Bazoges-en-Paillers, du Plessis de Beaurepaire et continuait vers les Tonnelles (dont le toponyme pourrait signifier l'existence d'un poste d'observation à l'époque gallo-romaine), le Bois-Joly d'Ardelay et Pouzauges.

    Carte des voies romaines en Vendée, Louis BROCHET, source : ArchéoGéographie.org

    Voici, ci-dessous, une hypothèse de son tracé sur la portion allant de Saint-Georges-de-Montaigu (Durinum) aux Herbiers, sur la base des chemins et petites routes actuels.
    On remarque un tracé quasi-rectiligne, propre aux voies romaines. Seuls quelques virages, visibles vers la Boissière-de-Montaigu et Bazoges-en-Paillers, contournent des petites portions aujourd'hui disparues mais la présence de haies à ces endroits-là permet néanmoins de les deviner.



    Sources


    La présence d'habitants gallo-romains auprès du village des Peux est donc avérée.
    L'origine gallo-romaine de la Cour des Peux et du pont de la Belletière reste néanmoins hypothétique...



    Le chemin des Herbiers à la Gaubretière


    Avant 1833, l'accès au village des Peux depuis le bourg des Herbiers se faisait par le chemin des Herbiers à la Gaubretière, longeant les villages de la Tibourgère et de l'Émentruère.

    Carte IGN, 1988
    Chemin des Herbiers à la Gaubretière en rouge

    Lors de la première Guerre de Vendée, c'est par ce chemin que sont arrivés aux Herbiers, le 13 mars 1793, les insurgés, plusieurs milliers de paysans venus des communes voisines du nord (Saint-Martin-des-Tilleuls, Saint-Aubin-des-Ormeaux, Chambretaud, La Verrie, La Gaubretière, Beaurepaire...), menés par les SAPINAUD DE LA VERRIE et DE LA RAIRIE.
    (Source : Les Herbiers sous la Révolution, Philippe RICOT, Ouest éditions, 1994)

    Cadastre Napoléonien, 1839, Archives départementales de la Vendée, cote 3P 109 CE 002

    Chemin des Herbiers à la Gaubretière, près du quartier de la Tibourgère
    (source : Le revenant, BD, Rivière & Moynot, Jeune Chambre Économique du nord-bocage, 1988)


    La croix de la Guillaumière


    Au bord de ce chemin, entre l'Émentruère et la Guillaumière, on peut toujours voir la croix de la Guillaumière.



    Il s'agit de l'une des plus anciennes croix de la commune des Herbiers.

    Elle est aussi appelée la croix à l'envers car l'une de ses inscriptions a été gravée en miroir. Dans le bon sens, on devrait lire "ROUTE DE LA GAUBRETIERRE".
    C'est ici probablement l'œuvre d'un tailleur de pierre qui ne savait pas lire et qui a dû placer son gabarit à l'envers.
    Cette croix a donc servi de panneau indicateur mais probablement après l'installation de la croix, puisque le mot GAUBRETIERRE encadre la petite niche préexistante.

    Le nom de René CAILLAUD et la date de 1813 sont inscrits au dessus, mais cette fois-ci à l'endroit.

    Croix de la Guillaumière
    (source : AVAP des Herbiers,
    Rapport de présentation, octobre 2013)

    Croix de la Guillaumière (source : AVAP des Herbiers,
    Rapport de présentation, octobre 2013)


    Un article du magazine municipal "Vivre aux Herbiers" de décembre 2009 raconte que la croix de la Guillaumière fut peut-être le théâtre d'un fait divers vers 1850 :
    Vivre aux Herbiers, n°46, décembre 2009


    Les virages de la croix des Peux


    Une petite partie du chemin des Herbiers à la Gaubretière, située à l'intérieur du village, a aujourd'hui disparu mais son existence passée explique pourquoi les virages qui débutent la rue du Grand-Doué, et qui contournent la croix des Peux, sont un peu serrés.
    La partie de ce chemin toujours existante aujourd'hui et située à l'intérieur du village correspond à la rue du Bourrelier.

    Cadastre Napoléonien, 1839, Archives départementales de la Vendée, cote 3P 109 CE 014



    Le chemin de la Mule ou de la Naulière


    Un chemin menant aux Moulins des Alouettes ou à l'Angirardière figure en 1786 dans le Chartrier du Landreau.
    Il ne porte pas encore le nom de la Mule ou de la Naulière, sur ce plan. Ces deux appellations sont néanmoins utilisées pour des champs attenants.

    Chartrier du Landreau, 1786, Archives départementales de la Vendée, cote 32 J 31, vue n°28

    Aux XIXème et XXème siècles, les noms de la Mule et de la Naulière sont utilisés pour désigner ce chemin.
    Sur le cadastre de 1839, le chemin de la Mule correspondait à la petite route située à l'entrée des Peux, allant aujourd'hui de la crèche à l'Élevage des Peux.
    Le nom de la Naulière désignait plutôt la partie du chemin située actuellement entre l'Élevage des Peux et le nouveau quartier "des vieux métiers".

    Cadastre Napoléonien, 1839,
    Archives départementales de la Vendée, cote 3P 109 AD 012

    Cadastre Napoléonien, 1839, Archives départementales de la Vendée, cote 3P 109 AD 014

    Ce chemin creux marque aujourd'hui la limite sud du village. Il est toujours visible depuis la rue du Bourrelier mais il est envahi par la végétation et ne peut plus être emprunté.
    En revanche, la partie du chemin qui mène au village de l'Angirardière est encore utilisable.

    Chemin de la Naulière, depuis la rue du Bourrelier

    Carte IGN, 1988
    Chemin de la Mule et chemin de la Naulière en rouge

    Dans Les Grands jours du Mont des Alouettes (Editions Navarre, 1968), Valentin ROUSSIÈRE indique :
    "Les meuniers déménageaient l'hiver dans leur moulin à eau où la force hydraulique des ruisseaux, dévalant la colline, tournait à un rythme régulier roues à aubes et roues à godets sur la Grande Maine ou le Grand-Ry ; mais quand le courant ne courait plus, leurs mules à nouveau grimpaient, à charge de sacs entrecroisés sur leur échine, le rude chemin de la Mule par le passage de la Mule au pied du pic de la Mule, au dessus du village des Peux."

    Le chemin de la Mule devrait donc son nom aux mules des meuniers qui l'empruntaient deux fois par an. On sait que plusieurs moulins des Alouettes étaient couplés avec des moulins à eau, notamment celui de Bertré. Les meuniers de la famille BREGEON, auxquels il appartenait, devaient ainsi passer par les Peux pour aller sur le Mont des Alouettes et pour y revenir.
    (Source : Jean VINCENT, Association l'Héritage, Les Moulins des Herbiers - Tome 1 - Les Moulins des Alouettes, mars 2002)

    En revanche, sur le cadastre de 1839, le chemin de la Mule semble venir de Chevrion et de la Jaudronnière en passant par l'Orvoire. Cela ne correspond plus au trajet Bertré - les Alouettes. Les habitants de ces villages venaient-ils au moulin des Peux pour y faire moudre leurs grains avec leurs mules qui auraient ainsi laissé leur nom à ce chemin ?

    Cadastre Napoléonien, 1839, Archives départementales de la Vendée, cote 3P 109 CE 001

    Cadastre Napoléonien, 1839,
    Archives départementales de la Vendée, cote 3P 109 CE 002



    La route stratégique de Tiffauges à la Châtaigneraie


    A la suite de la tentative de soulèvement légitimiste par la Duchesse de BERRY en Vendée en 1832, le Roi Louis-Philippe décide, par la loi du 27 juin 1833, de la construction d'un réseau de routes stratégiques dans l'Ouest de la France, supposé permettre une arrivée rapide des forces armées.

    À sa création, par l'ordonnance du 12 novembre 1833, la route stratégique 19 (RS19) est définie comme la route stratégique de Tiffauges à la Châtaigneraie.

    En 1839, la RS19 figure sur le cadastre des Herbiers :

    Cadastre Napoléonien, 1839, Archives départementales de la Vendée, cote 3P 109 CE 001

    Cadastre Napoléonien, 1839, Archives départementales de la Vendée, cote 3P 109 CE 008

    Cadastre Napoléonien, 1839, Archives départementales de la Vendée, cote 3P 109 CE 014


    En 1862, suite à la suppression des routes stratégiques, la RS19 devient la D8.

    En 1933, son tracé est récupéré par la RN755 qui relie Clisson à Saint-Michel-Mont-Mercure.

    En 1973, elle est déclassée en D755.

    Carte IGN, 1988
    D755 en rouge

    En 2003, suite à l'ouverture de l'A87 et au contournement du village par la nouvelle D755, la portion de départementale passant par le village devient la D755bis puis est renommée D2755A.

    (Source : http://routes.wikia.com)